Le double effet du fumier amendement et engrais naturel...
Le crottin de cheval, une mine d'or pour les jardiniers
de l'Association Les Jardingues
Les adhérents de l'Association "Les Jardingues", ont pu récemment récupérer du crottin de cheval bio non décomposé chez un des membres qui s'occupe de 3 magnifiques chevaux. En même temps que les pelles remplissaient seaux, poubelles solides ou vieux sacs de terreau, beaucoup de questions ont été posées quant à l'utilisation de ce trésor brut, frais et fumant. C'était donc l'occasion de faire le point sur les fumiers et leurs meilleures utilisations.
Le fumier est un mélange de déjections animales (crottins de cheval, bouses de vache, fientes de volaille,...), de l'urine d'animaux absorbée par la litière (paille, sciure, copeaux de bois,...) cette dernière constituant le troisième élément du fumier. C'est donc un mélange équilibré de matières sèches ligneuses et carbonées et de matières humides, fraîches et azotées.
- Un engrais a une concentration NPK supérieure à 3% (N = azote, P = phosphore, K = potassium) ou une concentration totale de ces trois minéraux d'au moins 7%. (Voir NPK - à propos des engrais).
- Un mélange de corne broyée et sang séché a un NPK = 14-0-0 (%), largement au dessus des 3%, c'est donc un engrais; pour 100g de produit répandus au potager, on a 14 g d'azote organique qui conviennent largement à la plupart des plantes potagères.
- Un engrais chimique comme l'Ammonitrate - pour fixer les idées - apporte quant à lui 33% d'azote minéral. - Un compost de fumier de cheval a un NPK = 0,6-0,4-0,7 (%) (d'autres sources donne un NPK = 0,7-0,5-0,5 assez proche); ses 0,6% ou 0,7% d'azote organique sont donc largement en dessous de 3% en minéraux, ce qui permet d'apporter une quantité importante au sol ( 1 à 3 kg par an au m2) sans risquer d'excès de minéraux ou sans risquer de brûler les racines des plantes.
- Le fumier, en augmentant l'activité biologique, a la faculté à la fois d'enrichir votre terre de matières organiques (engrais) et d'améliorer au fil des ans la structure de vos sols (amendement).
Quelles que soient sa qualité et son origine :
- Il allège les terres argileuses lourdes et compactes
- Il donne plus de consistance aux sols légers et filtrants comme les terres sablonneuses.
- Il augmente la capacité de stockage des minéraux.
- Il améliore la capacité de rétention en eau du sol.
- Il encourage l'activité biologique du sol.
- Il apporte de l'humus.
- Il est beaucoup plus volumineux, ne serait-ce qu'à cause de la paille.
- il risque de polluer à cause de la présence d'amoniaque qui peut s'infiltrer dans le sol surtout s'il est répandu à l'automne.
- il risque d'y avoir des graines indésirables qui peuvent germer dans vos plates-bandes.
- Il peut y avoir des restes de médicaments ou d'antibiotiques qui peuvent avoir été administrés aux animaux.
- Il faut épandre un fumier frais 3 à 4 mois avant toutes plantations ou semis.
- Il ne faut jamais mettre le fumier frais en contact direct avec les racines de vos plantes.
- Il est plus facile à transporter car il prend deux fois moins de volume.
- Il est plus sain et moins polluant.
- Il peut être utilisé sans délais entre l'épandage et la mise en culture de vos plantes.
Le crottin de cheval par exemple apporte de la matière brute, fraîche qui va améliorer l'activité biologique du sol.
Si vous vous procurez du fumier de cheval non décomposé ou du crottin frais, de préférence bio, dans une ferme ou un haras, vous pouvez alors l'utiliser en prenant garde de ne pas trop concentrer les apports afin que votre fumier ne monte pas trop vite en température (le fumier peut monter à plus de 50°C, c'est d'ailleurs de là que vient son nom, en tas le fumier...fume).
Il est donc préférable de composter le fumier frais avant tout usage.
- Le mettre en tas pour qu'il monte en température.
- Lui conserver une bonne humidité (comme une éponge essorée).
- Brasser et aérer le tas toutes les 3 semaines à 1 mois.
Les fumiers véritables de cheval ou de volaille sont difficiles à trouver,
cependant, les jardineries les proposent en sacs prêt à l'emploi.
Nos plantes se nourrissent exclusivement d'azote minéral, or le fumier apporte, comme nous l'avons vu plus haut, de l'azote organique. C'est donc la vie du sol qui va travailler pour décomposer et transformer la matière organique en matière minérale assimilable par les plantes.
La macrofaune, la microfaune et la faune qui peuplent la terre sont de précieux auxiliaires pour la travailler, l'aérer, la transformer,...même si certaines bestioles sont classés parmi les ravageurs de légumes comme les taupes ou les mulots mais qui en contre partie contribuent à aérer la terre grâce aux galerie qu'ils creusent. D'autres comme les larves de hannetons, de taupins ou de tipules, doivent être éliminés manuellement ou en les faisant remonter à la surface du sol pour les exposer à leurs prédateurs naturels.
Parmi la vie qui grouille dans la terre, on trouve :
- Des arthropodes comme les vers blancs (cétoines), les taupins, les chenilles de noctuelles, les acariens, les collemboles, les cloportes,... qui consomment des bactéries et des champignons, participant ainsi à la circulation de la matière organique.
- Les nématodes sont de microscopiques vers qui digèrent quantité de matière organique.
- Les vers de terre (Lombrics, Eisenia,...) creusent des galeries dans le sol humide dont il se nourrit. Ils contribuent à aérer et à homogénéiser le sol en absorbant chaque jour son propre poids de terre.
- Les bactéries sont des organismes microscopiques (de l'ordre du millième de millimètre) qui ont un rôle essentiel dans toutes les étapes de la vie du sol dont l'humification et la minéralisation. Il y a environ 100 millions de bactéries dans 1 gramme de terre.
- Les protozoaires sont des amibes capable d'ingérer 10.000 bactéries par jour et de libérer une grande quantité d'azote dans le sol. 80% des besoins en azote d'une plante sont issus des rejets des protozoaires.
- Les actinomycètes sont des bactéries aérobies qui participent à l'humification en dégradant la lignine.
- Les algues microscopiques participent elles aussi au processus de minéralisation.
- Les champignons microscopiques quant à eux, assurent le transport et l'assimilation par les plantes de la matière minéralisée.
- Les champignons mycorhiziens favorisent le développement des racines qui explorent un volume plus important. Vivant en symbiose, la plante fournit les éléments carbonés nécessaires à la survie du champignon et ce dernier renvoie à la plante les éléments minéraux qu’il puise plus facilement dans le sol (voir mycorhisation).
Amendement organique mycorhizé
- Quelques jours pour le sang séché.
- Plusieurs semaines pour la corne broyée.
- Plusieurs mois à plusieurs années pour l'azote produit par le fumier. Ainsi sur les 0,6% environ d'azote contenus dans le fumier, seulement la moitié (0,3%) sera minéralisée donc rendue disponible pour les plantes lors de la première année, le reste sera disponible les années suivantes. Les 0,3% disponibles la première année peuvent donc se traduire par 3 g par kilo de fumier composté ou encore 15 g avec 5 kg de matière.
Les plantes les plus gourmandes au potager ont besoin de 15 à 20 grammes d'azote par an au m², 8 à 10 g de phosphore et 20 à 30 grammes de potassium.
Toutefois, il n'est pas utile d'apporter chaque année 20 g d'azote via le fumier sachant que la vie de divers organismes dans le sol et les résidus de cultures génèrent eux aussi de l'azote. Une certaine quantité d'azote peut être également généré par des apports de compost maison, par l'enfouissement d'engrais verts, par la décomposition des paillages végétaux (tontes, feuilles mortes),...
Ainsi, la première année, n'apportez pas 5 kg - ce serait excessif - mais seulement 3 kg de fumier composté par m² qui amélioreront les qualités physiques du sol et l'enrichiront en minéraux.
La deuxième année, il est conseillé de faire un apport de fumier deux à trois fois moins important ( 1 à 2 kg par m²) compte tenu de la rémanence résiduelle de l'apport en fumier de l'année précédente et selon les autres apports organiques. En apportant ainsi une quantité de fumier raisonnée, on réduit les risques de pollution du sol et des nappes phréatiques par les nitrates.
Tas de fumier de déjections animales et paille de litière
- Vous devrez l'épandre à la surface de vos plates-bandes et massifs 3 à 4 mois avant toutes plantations ou semis.
- La période idéale se situe en automne pour que la minéralisation ait le temps de se faire avant la mise en culture dès le début du printemps.
- Le sol doit être préalablement bien structuré, bien humide, bien aéré,...
- Laissez votre fumier en surface, bien oxygéné, la décomposition et la minéralisation doivent se faire en aérobie.
- Vous n'enfouirez votre fumier avec une griffe qu'au printemps juste avant la mise en culture de vos planches.
- N'utilisez pas du fumier frais sur les cultures sinon à très faibles doses pour éviter les montées en température.
- Vous pouvez l'épandre à la surface de vos plates-bandes et massifs à tout moment dans l'année.
- Idéalement, l'épandre en octobre-novembre pour que la minéralisation ait le temps de se faire avant la mise en culture.
- Le sol doit également être préalablement bien structuré, bien humide, bien aéré,...
- Votre fumier doit rester en surface, bien oxygéné, la décomposition et la minéralisation doivent se faire en aérobie.
- Certaines plantes ne supportent pas d'apports trop fréquents en azote, aussi est-il conseillé de ne pas fumer tous les ans.
- Vous enfouirez plus profondément votre fumier avec une griffe quelques semaines plus tard lors de la mise en culture.
• Plantations des arbres, arbustes: Mélangez 1/3 de fumier de cheval composté à 2/3 de terre.
• Plantations des vivaces et légumes en godet: Mélangez 100 g (2 poignées) à la terre du trou.
• Semis: Épandez 500 g à 1 kg au m²
• En entretien au printemps et à l'automne: Épandez le fumier sur 2 à 3 cm d'épaisseur au pied des plantes, griffer et arroser.